Dubertrand Benjamin

Actuellement doctorant en quatrième année de thèse d'anthropologie au sein du laboratoire LISST-CAS et ATER au département de sociologie-anthropologie de l’université Toulouse II Jean-Jaurès, mon travail porte sur les nouvelles formes de néo-ruralité dans la moyenne montagne ariégeoise et le développement de modes de vie que l’on pourrait qualifier d’alternatifs.

Ce travail de recherche se base sur une enquête de terrain qui a essentiellement porté sur la vallée de Massat, archétype de la vallée montagnarde réinvestie par les « néos » à partir des années 1970. Cette vallée est située dans le Couserans, périphérie montagnarde au sein d'un département, l'Ariège, lui-même considéré comme un des espaces français les plus marginalisés depuis le XIXe siècle. L'enquête s'est tournée plus spécifiquement vers les hôtes du réseau wwoofing d'Ariège, réseau qui a pour but de mettre en contact de petites exploitations agricoles avec des personnes souhaitant travailler bénévolement dans ce domaine, en échange du gîte et du couvert.

Les individus rencontrés, le plus souvent des couples, ont pour caractéristique première de penser leur projet en terme de mode de vie, c'est à dire comme projet global dans lequel toutes les sphères de la vie quotidienne sont associées et intriquées. Ils en viennent ainsi à repenser leur parcours en questionnant simultanément leur rapport au travail, à la consommation et au monde marchand en général, à l’habitat, à la nature …. Mais contrairement aux néo ruraux des années 1970, ces nouveaux alter-ruraux ne cherchent pas à rompre radicalement avec la société et à faire contre-société sous forme communautaire mais plutôt à aménager des espace-temps de micros libertés plus ou moins importants au sein de la collectivité.

Ce travail de recherche est donc l'occasion de questionner à la fois les aspects constitutifs de ces modes de vie alternatifs, c’est-à-dire la manière dont les individus rencontrés réinventent le contenu de ces différents aspects mais aussi la façon dont ils réagencent leur intrication mutuelle dans un projet de vie pensé globalement. Ce questionnement prend place dans une perspective d'anthropologie des savoirs en faisant la double hypothèse que non seulement des savoirs spécifiques sont développés dans le cadre de ces démarches alternatives mais en outre que lesdits savoirs sont, en partie au moins, mobilisés par les acteurs comme des ressources à même de les aider à dépasser un certain nombre de contraintes et contradictions inhérentes à ces projets de vie s’écartant de la norme