Les innovations sociales transformatives en territoires montagnards

La montagne innove, certes, mais les formes d’innovation y sont-elles singulières ? Participent-elles à transformer de manière profonde des trajectoires et des positions territoriales ?

Cette session tentera de répondre à ces questions en s’intéressant à l’innovation sociale, c’est-à-dire aux initiatives collectives de citoyens, répondant à des besoins sociaux mal satisfaits par le marché et les politiques (Klein and Harisson, 2007), et à son potentiel de transformer les territoires de montagne.

Un bon nombre des acteurs d’innovations sociales s’inscrit dans une vision de transition sociétale (Avelino et al., 2014; Pruvost, 2013). D’autres misent sur la créativité et la culture, suggérant l’installation de groupes, sinon de classes, créatifs dans des périphéries rurales (Bourdeau et Lebreton, 2013). Au-delà des initiatives individuelles et de leurs effets, de nombreuses démarches expérimentent des méthodes et formes collectives de changement, qui font de l’innovation sociale un projet réellement territorial. Les territoires concernés deviennent alors souvent des laboratoires d’expérimentation, acquérant une image d’alternative et fondent une nouvelle attractivité (Koop and Sénil, 2016).

Dans cette session, nous interrogerons :

• Les formes des innovations sociales en montagne dans leurs dimensions spatiale : Ces innovations sociales sont-elles spatialement limitées, prenant la forme de lieux de ‘différence’ ou d’oasis, déconnectés du territoire? Fonctionnent-elles en réseaux (Nicholls et al., 2013)? Peut-on observer des processus de territorialisation, d’émergence de milieux socialement et culturellement innovateurs  (Longhurst, 2015)? Quel ancrage territorial des nouvelles valeurs symboliques et imaginaires, des nouveaux modes de vie ?
• Les spécificités montagnardes des initiatives sociales : Ce thème appelle à des comparaisons destinées à interroger les spécificités des régions de montagne concernées, comparaisons qui pourront porter autant sur le statut (périphéries métropolitaines) que sur des types d’économie (rural, tourisme), ou des particularités de milieu (exposition aux risques, pente, limites climatiques). Si certains types de régions montagnardes apparaissent comme attractifs et particulièrement propices à l’innovation sociale, comment, à leur tour, ces particularités participent-elles à l’émergence des formes spécifiques de l’innovation sociale ? (Mobilisation de savoir local, de ressources locales?)
• Les transformations socio-culturelles induites : Bien que l’on observe de nombreux projets initiés par les « locaux », certaines régions de montagne attirent aussi des acteurs « extérieurs », souvent citadins, y projetant leurs projets et idéaux personnels, considérant alors ces territoires montagnards comme des lieux « des possibles ». Ces projets et visions ne sont pas toujours partagés par les « anciens ». Entre fragmentation et dynamique collective, comment s’articulent alors les transformations socio-culturelles des territoires ? Quel pouvoir fédérateur ont-ils ? Permettent-ils de diminuer marginalité et exclusion ? Créent-ils de conflits ? 
• La gouvernance des territoires socialement innovants : Non seulement la population locale est confrontée à des changements opérés au sein de leur territoire, mais aussi les collectivités territoriales. Quelles réactions de la part des acteurs publics aux nouvelles dynamiques ? Répondent-elles aux attentes des initiateurs ? Quelles situations conflictuelles et quelles formes de coopérations se laissent observer? De nouvelles formes de gouvernance territoriale émergent-elles (Klein, 2009)? Comment pouvons-nous les désigner (gouvernance participative, gouvernance de la transition) ?