Projet de recherche
InnoMont : Négocier l’innovation : lectures montagnardes
France
Du 02/04/2012 au 01/07/2014
InnoMont, second WP, avait pour objet l’innovation en montagne, tant de manière théorique et épistémologique que dans une connaissance opérationnelle des processus et l’aide à la décision. Il a été
amené à porter la réflexion transversale sur l’innovation. L’analyse d’un thème particulier, le tourisme de montagne, a donné lieu à une collaboration avec l’INA. Regroupant environ 40 enseignants et soutenu par une ingénieure d’études, il s’était structuré en 3 pôles :
- « emploi et précarité », à l’articulation des dimensions économiques, sociales et foncières ;
- « limites et liminalité » à l’articulation du politique (découpages territoriaux), du cognitif (catégories géographiques) et de l’action (rôle et modes de valorisation des spécificités morphologiques de la montagne) ;
- « de l’innovation individuelle à l’intelligence territoriale », sur les pratiques innovantes et leur impact sur les territoires de montagne.
Sa production est en partie académique avec le lancement de la collection 'Montagne et Innovation' et la coordination de son premier ouvrage collectif et transversal édité aux Presses universitaires de Grenoble et la direction d’un numéro dans une revue internationale classée (Journal of Alpine Research-RGA) (en cours). Une collaboration internationale a été lancée avec l’Université de Turin dans le cadre d’un terrain frontalier italien et sera confortée.
Les trois pôles structurant ce WP2 offraient, en des entrées différentes, une connaissance des processus d’adaptation et des formes de résilience des systèmes économiques et sociaux. Les objets choisis : tourisme, pluriactivité, isolement, se situent au coeur de la spécificité montagnarde et permettent ainsi d’examiner des capacités ou des handicaps propres.
Le pôle « De l’innovation individuelle à l’intelligence territoriale », associait des spécialistes des sciences de gestion et des Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), il visait à analyser les effets de réseau versus les effets de territoire dans l’innovation. Se focalisant sur l’innovation dans le tourisme et notamment dans les services en comparant des stations de moyenne montagne à des stations dites intégrées de haute montagne (type Avoriaz) dont l’insertion dans le territoire est sensiblement différente. La recherche aboutit à l’élaboration d’une typologie réseau/territoire, qui a été valorisée dans plusieurs événements et publications internationales, ainsi qu’avec les professionnels. Le capital apporté par cette méthodologie de recherche (grille d’analyse) a été ensuite développé sur l’étude de petites entreprises en territoires de montagne. Il ouvre sur des travaux relatifs aux acteurs économiques, qui constituent l’une des cibles pour l’évolution du LabEx.
Le pôle « Limites et liminarités en territoires de montagne » confrontait une approche théorique sur la catégorisation des objets (limites de la montagne) et ses effets dans l’action (périmètres de l’action publique)
avec une approche thématique sur la frontière. Cette perspective conduit à questionner les normes et les caractères qui déterminent la construction de la spécificité de la montagne, du point de vue cognitif (définitions savantes et expertes), anthropologique (identités, imaginaire) ou des politiques (découpages territoriaux). Au delà, il s’agit d’en examiner les effets sur l’action et sur l’innovation, dans les mobilisations de la mémoire (patrimonialisation), ou dans l’exacerbation des particularismes (spécification des marchés ou folklorisation). Un séminaire « La montagne malléable : aplanir et/ou rehausser ? Pour une approche pluridisciplinaire de la pente » en a donné une première formalisation. En 2014, les travaux se sont orientés de manière plus directe sur les formes de développement territorial issues d’un rapport conflictuel à la frontière. L’analyse de la haute-Vallée de Susa, en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Turin et des acteurs locaux, permet d’examiner la contestation du franchissement de la frontière (tunnel de la Ligne grande vitesse Lyon-Turin) et ses conséquences dans les dynamiques économiques.
Le pôle « Emploi, précarité, propriété en territoires de montagne », dans le cadre d’une approche de long terme, vise à travailler sur les mutations passées et actuelles des systèmes productifs des territoires de montagne (nature des activités, formes d’emploi), en lien avec les modes d’appropriation du territoire (question foncière, usages), en s’interrogeant sur l’impact social de ces mutations sécurisation/précarisation des populations) sur l’accès à l’emploi et aux systèmes redistributifs. Les travaux conduisent à tester la pertinence d’une lecture en terme d’économie résidentielle versus économie productive dans le temps long, relire l’histoire des pluriactivités et interroger leur rapport passé et présent à la précarité, mieux cerner la spécificité du rapport au foncier (via la question des résidences secondaire) et l’éventuelle spécificité du recours aux droits sociaux en territoire de montagne en association avec l’Observatoire des non-recours aux droits et services (ODENORE) qui apporte méthodes et réflexions sur l’analyse de la précarité en milieu urbain. Les terrains exploratoires ont porté sur des sites touristiques (Serre-Chevalier) ou d’ancienne industrialisation en crise (vallée de la Romanche). Ils ont permis d’associer les acteurs sociaux (Conseil général de l’Isère, Service solidarité de la direction territoriale de l’Oisans, services de la DgFip, Pôle Emploi et Mission Locale) ainsi que les associations de propriétaires de résidence secondaire. Ces terrains mettent en relief les formes de précarité des économies de montagne, spécifiques ou non, et valident la question foncière comme analyseur des problèmes économiques et sociaux de ces régions. Cette thématique évolue en 2015 vers une approche économique (l’analyse des mutations des systèmes d’emploi en stations) pour une part, une approche socio-démographique d’autre part (vieillissement et services aux personnes âgées), dans une comparaison avec l’Italie.
Cinq doctorants sont associés aux travaux des 3 pôles, dont 2 financés par le LabEx, l’un co-financé avec l’Université de Savoie et des partenaires socio-économiques, et deux financés par le dispositif d’aide à la recherche régionale (ARC).
La recherche partenariale et l’interface recherche-société de ce WP se caractérise par une opération conséquente et originale, associant le LabEx ITEM et l’INA (Institut National de l’Audiovisuel – délégation Centre-Est) dans le cadre d’une convention de coproduction multimédia, pour développer un site thématique de ressources numériques en ligne intitulé Montagnes Magiques.(http://fresques.ina.fr/montagnes/accueil).
L’outil a l’intérêt d’une ouverture vers plusieurs types de public : le site internet est accessible gratuitement à tous, il représente un moyen de connaissance interactif mais aussi un matériau utilisable par les enseignants, que ce soit pour l’analyse contextuelle ou pour l’analyse critique des medias. Le LabEx contribue à sa diffusion avec un co-financement de bornes interactives avec la MSH Alpes et la bibliothèque universitaire Droit-Lettres (en cours). Deux pistes sont ouvertes par cette opération : la valorisation de la fresque elle-même en tant qu’outil interactif, avec un élargissement à d’autres thèmes que le tourisme alpin, et l’analyse des discours médiatiques et des images pour comprendre les évolutions historiques (projet déposé pour 2015, avec la SFR Innovacs). Par ailleurs, la fresque a été retenue, à l’instar de la frise chrono-systémique, au salon Innovatives SHS 2015.
De plus, le LabEx collabore avec l’ENSA (Ecole nationale de ski et d’alpinisme-Chamonix) dans le cadre de la préparation d’un colloque pour les 70 ans de l’école et pour développer des recherches et des activités de valorisation.
Le pôle « Limites et liminarité » est propice aux coopérations transfrontalières. Il a donné lieu à un travail de terrain associant des chercheurs de l’université de Turin et des élus de la vallée de Suze. A partir de 2015 (projet de recherche déposé), il se déploie sur un espace transfrontalier, en associant la Maurienne mitoyenne, et développe la problématique des relations haute-vallée/piémont métropolitain dans le cadre d’une comparaison entre Turin et d’autres métropoles. Il développe un capital de compétences sur la question de la frontière notamment dans le cadre d’expertises sur la stratégie macro-alpine ou sur des collaborations avec Genève.