Workshop
Le territoire de la ligne des Alpes : acteurs, mobilités, projets
Lus-la-Croix-Haute
Du 11/01/2016 au 15/01/2016
Ce workshop interdisciplinaire s'adresse aux étudiants de plusieurs masters grenoblois. Dans la continuité des études qui ont récemment mis en avant l'idée de la montagne comme laboratoire pour la science et pour la société (François et al., 2010 ; Brun et Perrin, 2001), ainsi que comme lieu de l'innovation (Attali et al., 2014 ; Corrado, 2010 ; Bourdeau, 2009 ; Giraut, 2009) et comme cadre et référent de l'action collective (Debarbieux, 2009), ce module vise à mettre les étudiants en capacité d'analyser les territoires de montagne de plusieurs points de vue et de synthétiser des visions prospectives à partir de leurs différentes approches disciplinaires. Le terrain d’étude est celui de la ligne ferroviaire régionale Grenoble-Veynes-Gap. Cette dernière est entendue comme infrastructure potentiellement capable non seulement de desservir des territoires faisant partie d'un ensemble métropolitain, mais aussi de générer des territorialités réticulaires, ainsi qu'une identité fédératrice et des projets territoriaux partagés.
Contexte
Le tronçon ferroviaire Grenoble-Veynes-Gap (ouvert en 1878) est une infrastructure faisant partie de la Ligne des Alpes, qui relie Grenoble à Marseille. En tant que voie ferrée régionale nécessitant d'importants travaux de modernisation et traversant des territoires ruraux peu peuplés, la ligne est à présent (comme bien d'autres en Europe) menacée de fermeture à l'horizon 2023. Bien que les Régions Rhône-Alpes et PACA, ainsi que l'EPCI Grenoble-Alpes Métropole, cherchent à rassurer les habitants à propos de leur engagement en faveur de la sauvegarde de la ligne, notamment par le biais de son inscription dans les actions du Contrat de Projets État/Région 2014-2020, les usagers du train craignent que ce territoire soit de plus en plus démuni d'équipements et d'occasions de mise en valeur de ses ressources et revendiquent des améliorations tant du service que de l'infrastructure. La difficulté des collectivités territoriales de faire face aux raisons des acteurs ferroviaires a partiellement été compensée par l'activité d'associations comme celle pour la promotion de la ligne Grenoble-Veynes (AGV), existant depuis une trentaine d'années, et le plus récent collectif des usagers de la ligne, à l'origine de nombreuses initiatives visant à faire connaître et défendre la ligne. La médiatisation relativement importante mise en place grâce au travail des associations, ainsi qu'à l'engagement de certains des élus régionaux et locaux, a eu des effets assez surprenants, comme le maintien de la gare de Lus-la-Croix-Haute et de son personnel en 2015, alors que sa fermeture été prévue en 2014.
Un engagement du monde de la recherche autour de cette thématique a été récemment sollicité par les acteurs locaux. À l'occasion d'une série de manifestations culturelles (étés 2014 et 2015) organisées par le collectif des usagers de la ligne, en fait, une première rencontre entre chercheurs (invités pour une soirée-débat), habitants, élus et associations a débouché sur trois propositions principales :
- inscription de la ligne ferroviaire dans un projet LEADER;
- mise au point d'un projet territorial participatif autour de la ligne;
- intégration de l'observation des initiatives concernant la ligne dans un programme de recherche au sein du Labex Item.
Objectifs
Le projet territorial participatif mentionné ci-dessus est l'objet du workshop interdisciplinaire TE(r)R-GV : la co-construction du projet (acteurs, étudiants, chercheurs) viserait à montrer, plutôt que la rentabilité du transport, l'intérêt et l'implication concrète des collectivités territoriales et des associations dans la défense et l'exploitation du potentiel de la ligne (en plus des actions déjà mises en place jusqu'à présent) face aux arguments purement économiques et techniques de SNCF et RFF. Le workshop a pour objectifs de donner une toute première réponse à certains des besoins que la société locale a manifesté et de devenir la phase exploratoire d'un projet de recherche plus étendu, conduit dans le cadre du Labex Item.
L'approche pédagogique par le projet territorial, croisant les méthodes de la prospective, du projet spatialisé et de l'enquête, est le fondement de ce workshop, conçu comme un atelier in-situ d'une semaine. Des rencontres avec les élus locaux, les associations, les acteurs économiques et les habitants du territoire seront organisés, afin de permettre à des étudiants en urbanisme, géographie/économie territoriale, architecture, histoire/sociologie, de développer des propositions de projet prenant aussi en compte les connaissances et les souhaits récoltés sur le terrain. Les travaux des étudiants pourront ainsi enrichir les réflexions conduites au sein du Labex Item et participer à la construction d'outils d'aide à la décision pour les acteurs locaux.
Intérêts
Si l'analyse du système ferroviaire présente un certain intérêt en soi, car il concentre une grande quantité d'enjeux et puisqu'il est reconnu de façon presque unanime comme un transport durable et sécurisé, dans ce workshop, il n'est pas abordé seulement en tant qu'infrastructure de transport, mais aussi et surtout comme potentiel générateur de territorialités réticulaires. Même s'il s'agit d'une infrastructure existante, la ligne Grenoble-Veynes-Gap est entendue comme nouveau dispositif d'interdépendance des territoires métropolitains, nécessitant d'évoluer afin de mieux s'adapter à la future gouvernance de la métropole et aux besoins des acteurs locaux. De plus, l'approche réticulaire (Trotta-Brambilla, 2013 ; Dupuy, 1991) permettra de réinterroger le découpage administratif, qui ne semble pas correspondre aujourd'hui au fonctionnement réel du territoire. Enfin, en construisant le projet avec les acteurs locaux, on pourra tester l'hypothèse que l'enjeu de la sauvegarde de la ligne ferroviaire a accru chez les habitants le sens d'appartenance à un territoire qui ne peut être défini qu'en fonction de la ligne ferroviaire.