Projet de recherche
VIVEHab : Vulnérabilité, Innovation, Vieillissement, Emploi, Habitabilité
Alpes France et Italie
Du 15/04/2015 au 01/06/2018
Le projet Vivehab trouve sa pertinence dans une entrée population, services, emplois avec un questionnement sur les spécificités montagnardes de ces emplois en termes de saisonnalité, de faible densité et de vulnérabilité sociale et territoriale. Il s’oriente en partie vers l’analyse des réponses et initiatives juridiques, économiques et sociales, collectives et individuelles, élaborées en réaction à la vulnérabilité de certains secteurs de montagne et de certaines populations.
Les impacts des réponses et initiatives seront évalués dans leur capacité à reproduire des formes de précarité ou de vulnérabilité et à les dépasser en termes d’innovation. L’hypothèse est que la vulnérabilité des populations, des emplois et des services est aussi une opportunité et une force pour les territoires. Plus largement les travaux tenteront de poser et d’approfondir la notion de « vulnérabilité territoriale ».
En termes d’habitants, la situation de vulnérabilité des populations âgées en montagne demeure peu explorée. Les spécificités des territoires de montagne (éloignement, dispersion des habitations, accessibilité, isolement) exacerbent les difficultés de gestion des services aux personnes en situation de vulnérabilité mais ne sont pas uniquement des sources de contraintes. Elles se prêtent également à l’émergence d’innovations à travers les pratiques et les usages des individus et des organisations. En pratique, l’objectif de la recherche qui associe des acteurs territoriaux sur des terrains d’études dans les Alpes françaises et italiennes, est également le développement de nouvelles formes de services et d’adaptations permettant aux ainés de vivre et vieillir dans la dignité en restant des citoyens jusqu’au bout. On pourra s’inspirer de ces innovations développées en montagne pour les déployer au niveau institutionnel et proposer des transferts vers d’autres territoires.
En termes d’emploi, une des spécificités des sociétés de montagne, dans le temps long, a été la nécessité d’y mener des activités diverses du fait des contraintes d’un relief et d’un climat qui ne permettent pas de vivre à l’année de la seule agriculture. Cette diversité a pris des contours multiples (pluriactivité, multi activité) selon des modalités d’arrangements personnels et surtout familiaux complexes. Ce système a été longtemps lu, du fait de ses écarts avec le modèle industriel et urbain de l’emploi salarié caractéristique de la modernité, comme résiduel et donc voué à disparaître. Les travaux des historiens ont montré combien, loin des images misérabilistes ou condescendantes, il nécessitait savoir-faire et adaptabilité.
Aujourd’hui, les espaces montagnards sont caractérisés par la présence importante de travailleurs temporaires et de pluriactifs, saisonniers du sport et du tourisme mais aussi travailleurs engagés sur des chantiers d’infrastructure et d’entretien des locaux, souvent des femmes, employées de sociétés de service. La précarité des emplois et du travail de ces salariés préfigurent pour certains la condition salariale à venir pour bon nombre de travailleurs. L’inscription dans un marché du travail large introduisant une concurrence entre main d’œuvre locale et extérieure n’est pas nouvelle mais elle joue désormais de manière forte d’autant qu’elle se combine à une mutation des modes d’accès aux systèmes sociaux publics et à des contraintes foncières et immobilières accrues qui semblent jouer dans le sens d’une précarisation qu’il s’agit de vérifier et de caractériser.
Le LabEx ITEM consacre une enveloppe maximale de 50 000 € répartis sur la durée globale du projet selon un budget prévisionnel révisé annuellement.