Projet de recherche
Trajectoires adaptatives de la Haute‐Vallée de la Romanche
Du 01/07/2016 au 31/12/2017
Le projet s’inscrit dans le contexte de « crise » que traverse la Haute-Romanche depuis la coupure de l’artère de communication du territoire. Le 10 avril 2015 la circulation sur la RD1091 qui relie Bourg d’Oisans à Briançon, a été subitement interrompue suite à un accroissement de l’instabilité géologique à l’emplacement du tunnel du Chambon. Après plus de 3 mois d’incertitude sur les caractéristiques physiques du glissement de terrain et sur les travaux à engager, la décision a été prise mi-juillet d’une fermeture de longue durée nécessaire pour, in fine, la construction d’un nouveau tunnel qui sera livré au plus tôt pour sa première tranche fin 2016. Cet événement « surprise » a des conséquences économiques et sociales considérables à l’échelle locale et régionale. La situation s’accompagne aussi de tensions importantes entre la population locale et les décideurs à l’échelle départementale et régionale.
A partir d’une réflexion sur la vulnérabilité territoriale, l’ambition du projet est de mettre en place une recherche-action collaborative pour analyser et accompagner les processus de changement et d’adaptation du territoire. Il s’agit d’appréhender, dans le temps actuel « post-aléa », les caractéristiques de la vulnérabilité telle qu’elle est perçue et vécue par les populations et décrite dans les documents, notamment des institutions en charge d’évaluer les dommages et les réparations ; et dans une dynamique plus large d’étudier les conditions qui ont préparé le risque ainsi que les changements adaptatifs qui en découlent.
L’originalité de cette recherche est d’articuler (1) des enjeux théoriques de fond autour des questions : « Comment penser les systèmes territoriaux (dans leur différentes composantes : matérielles, vivantes, sociales) et leurs transformations ? », « De quel outils conceptuels dispose-t-on/ a-t-on besoin ? » ; et (2) des enjeux de recherche appliquée autour de la question : « Que peut faire le savoir produit sur le territoire à ce dernier ? » ou encore : « Que faire de ce savoir avec les acteurs du territoire ? »
Sur le plan théorique le projet propose de tester deux approches des systèmes territoriaux. De manière schématique, l'une des approches privilégie une vision du système comme un état stable qui peut être affecté par des évènements, dont le potentiel du désordre le fait entrer en crise; la crise induit alors un processus de changement qui conduit « tôt ou tard » le système vers un nouvel état stable, etc. L'autre approche va étudier le système, non pas comme ayant une forme et un contenu déterminés (le système n'a pas d'identité, de propriétés substantielles), mais comme des processus de transition permanents, avant tout mis en mouvement, continument par des « transformations silencieuses » (et non par un évènement perturbateur isolé).
En termes de recherche appliquée le projet propose d’explorer la voie de la recherche collaborative, dans laquelle la recherche n’est plus un processus asymétrique mais bien partagé. Il s’agit de « mener l’enquête » ensemble (chercheurs professionnels, décideurs politiques, économiques, militants, acteurs ordinaires, etc.), chemin faisant sur ce qui advient ici et maintenant sur le territoire et sur les possibles territoriaux à venir.
Pour cela le projet propose :
- d’analyser, à partir d’une vision globale et systémique, la construction de la « vulnérabilité territoriale » dans ses dimensions à la fois sociales, économiques et environnementales (entretiens semi-directifs, analyse documentaire, construction d’une frise chronosystémique)
- de construire par une approche participative un jeu de visions d’avenir, révélant les futurs souhaités et les futurs à éviter (ateliers participatifs, élaboration de scenarii prospectifs)
- d’engager un travail de modélisation systémique pour révéler les points de décisions et les points de rupture écologiques, sociaux, économiques et institutionnels marquant les trajectoires alternatives conduisant aux différentes visions d’avenir
Le LabEx ITEM consacre une enveloppe maximale de 10 000 € répartis sur la durée globale du projet selon un budget prévisionnel révisé annuellement.